Le musée archéologique de l'Hôtel-Dieu

Les Jouve poursuivent les acquisitions immobilières dans Cavaillon, parfois dans un pur souci de sauvegarde et de témoignage du passé de la cité. Leur objectif est alors clair : « Songe que pour cette petite somme que tant d’autres dépensent en confettis et en vanités, on collabore à sauver un monument du travail des siècles passés, à faire l’union du passé et de l’avenir. ».

Ainsi les Jouve font l’acquisition à la fin de l’année 1907 de la chapelle de l’ancien Hôtel-Dieu de la Ville (1755), rendue inutile par le nouvel hôpital. Cette acquisition est bientôt suivie en 1913 par la travée d’entrée et la sacristie. Le but, au-delà du souci de conservation dont témoigne Marie-Thérèse Jouve lorsqu’elle écrit : « j’admets qu’on achète des monuments, qu’on les conserve pour eux-mêmes […] les monuments sont le mobilier d’une ville », le but est aussi de « consacrer [la chapelle] à une œuvre d’utilité publique, et de la conserver à sa ville natale… ». Cette acquisition va les amener, en outre, à sauver l’un des derniers vestiges des remparts de la ville : la Porte d’Avignon. Située à proximité de la chapelle de l’Hôtel-Dieu, elle est menacée de destruction par un projet d’élargissement de la rue. Cédant au domaine public une partie du parvis de la chapelle, les Jouve permettent de dévier la route et de conserver ce témoignage architectural du XVIIIe siècle. 

 La famille Jouve acquiert ce bâtiment avec déjà l’idée d’en faire un musée. Ainsi s’aménage peu à peu, surtout dans les années 1930, le musée de l’Hôtel-Dieu, au gré des découvertes, achats et dons. Les collections lapidaires et antiques, d’abord essentiellement rassemblées dans la demeure familiale, y trouvent leur place au milieu des souvenirs de l’ancien Hôtel-Dieu (portraits de donateurs…). De jeunes archéologues participent à la création du musée de l’Hôtel-Dieu avec Marie-Thérèse Jouve. On croise ainsi le futur conservateur des musées de Cavaillon, André Dumoulin, ou encore Georges Gauthier, qui fera plus tard don d’une partie de ses collections.

À la mort de Marie-Thérèse, en 1938, le musée de l’Hôtel-Dieu est né.

Les collections archéologiques

Dans sa forme ancienne, mais combien charmante de musée lapidaire, la chapelle de l’Hôtel-Dieu donne à voir des pièces remarquables. Il regroupe et présente les collections issues d’importantes découvertes archéologiques réalisées dans Cavaillon et sa proche région. Ces objets témoignent de l’occupation humaine et du développement urbain de Cavaillon et du Luberon occidental depuis la Préhistoire jusqu’à l’époque moderne, en passant par l’Antiquité et le Moyen-Âge.

Les périodes préhistorique et antique sont les plus représentées avec de la vaisselle, des coffres funéraires, des stèles gallo-grecques, de la statuaire et une importante collection de monnaies locales antiques. Les musées de Cavaillon conservent également une collection de céramiques, diversifiée mais riche en productions locales, allant du Néolithique au IIe siècle après JC.

Les périodes médiévales et modernes, hormis pour le patrimoine juif-comtadin, sont les moins bien représentées, en termes numériques, dans les collections. On remarque cependant une belle table d’autel du Haut Moyen-Âge provenant du presbytère (collection de la Ville – objet classé), de la statuaire et des éléments d’architecture dont une très belle collection d’entrevous de la fin du XVe – début XVIe provenant de Cavaillon et une série de peintures murales des XVIe et XVIIe siècles de l’Hôtel Dupuy-Montbrun déposées et entrées dans les collections en 1992.

Les fouilles récentes de Cavaillon (depuis 20 ans) ont livré du beau matériel, conservé dans les dépôts du Service Départemental de l’Archéologie.